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Le chasseur local ou ses instances restent-ils encore une force de proposition ?

La première moitié de l'année 2012 a été une échéance importante pour les chasseurs, il s'agissait alors de finaliser la rédaction du nouveau Schéma Départemental de Gestion Cynégétique (SDGC). Au cœur du débat, encore et toujours le sanglier et tout particulièrement son agrainage fortement dans le collimateur de l'Etat avec des directives strictes transmises en son temps par la Ministre Nathalie Kosciusko-Morizet, dans une circulaire appelée "NKM".

Certes la chasse et les instances ont fini par contracter un document à l'été, mais était-ce un mariage d'amour, un mariage d'intérêt , ou un mariage forcé ou par défaut ? "Si quelqu'un a encore quelque chose à dire qu'il le fasse maintenant ou qu'il se taise à jamais"...Si ma mémoire ne me trahit pas, c'est en substance ce qu'a dit le Directeur Départemental des Territoires à la conclusion des débats. Notre chasse locale semble avoir oublié ce qui était un trait d'humour, mais peut être aussi un message fort.

Moins d'un an après, le chaudron chauffe à nouveau entre les deux parties, car des braises mal éteintes sans doute se rallument avec toujours et encore le sanglier comme "soufflet" (cf mes articles du 15 et 18 mai), mais aussi le cerf avec le désaccord fort autour de la différence de conception sur la notion de "peuplement dégradable" et l'implantation des agrainoirs.

Pour ma part, je ne suis pas surpris, car en voulant maintenir coûte que coûte l'agrainage pour les raisons déjà évoquées, la chasse a brûlé en une seule fois toutes ses cartes maîtresses, déjà pas très nombreuses au départ. Elle a aussi perdu la main, dirait-on au bridge, soit la force de conduire les débats. Sans atouts forts, faute de n'avoir su gérer la surdensité des sangliers, et avec une position difficilement défendable autour du maintien de l'agrainage, la partie était mal engagée pour aller au "grand chelem".

Comment voulez-vous être crédible si pendant plus de dix ans vous faites croire que le sanglier et ses nuisances vont être contenus par la chasse intensive et qu'au résultat la "parole domine les actes" ?

Comment voulez-vous être reconnu comme force de proposition si vous restez dans le passé, l'immobilisme, le maintien des acquis sans pouvoir vous appuyez sur "la vérité des faits" ? Et des positions pertinentes ou contradictoires, il en existe, que cela soit le rapport Théret joint en fichier, que ce soit la définition de l'agrainage linéaire, ou que ce soit le bon sens tout simplement, nous nous "asseyons dessus" et préconisons le déni.

A force de tout vouloir, le risque est aussi de tout perdre. Un jour nos instances finiront certes par reconnaître que le "sanglier m'a tuer", mais il sera trop tard. Aujourd'hui, la chasse ne peut se sauver que par l'éveil de notre communauté à "la conscience écologique".

Je refuse la chasse quantitative, je refuse la chasse de régulation par la faute des "apprentis sorciers" et des "profiteurs" qui consiste à devoir massacrer maintenant les sangliers sans distinction, mais il faut le faire, je refuse la chasse de loisirs sur fond de lâchers de cocottes ou de trophées de grands animaux pucés, je refuse la chasse scoreuse, la marchandisation, je refuse le classement du chasseur en simple utilisateur payant de la nature.

Je veux une approche qualitative du grand gibier sur la base d'une densité supportable par le biotope, je veux que la faune puisse vieillir sur mon territoire, je veux la sauvegarde du gibier par la chasse et pas seulement par des parcs, des zones réservées ou des patrimoines naturels protégés, je veux une biodiversité avec une restauration et le maintien d'espaces naturels non exploités, je veux que le chasseur soit accepté pour son expertise, soit reconnu pour ses actions en faveur de la nature, je veux une moralisation et refondation de notre chasse.

Je ne suis pas certain que cela puisse se faire par une "politique de consensus, mais par une politique de conviction" pour reprendre une expression forte de la "dame de fer, Margaret Thatcher. Dans le consensus, notre communauté aime trop s'entendre parler au point de s'égarer dans des discussions certes intéressantes, mais plutôt destinées à un "Stammdisch" dans une Winstub avec un bon vin blanc.

Nous avons encore une nouvelle génération qui voudrait chasser et pas forcément issue du sérail. Elle veut apprendre le métier, accompagnons la, mais de grâce avec "la conscience écologique" et pas avec ce que la chasse peut présenter de détestable.

Camille Clauss, artiste peintre, mais aussi grand humaniste de son temps, disait "ce ne sont pas les institutions qui changeront les choses, mais les individus si chacun se change". Beaucoup d'entre nous sont conscients que nous risquons fortement de tirer nos dernières cartouches, si nous ne changeons rien et pourtant peu vont dans l'action pour stopper le processus à cause, sans doute, du "syndrome de la grenouille", voir mon diaporama publié le 6 mai "sommes-nous cuits".

Ce blog a aussi pour objectif de faire bouger ceux qui peuvent partager ma "vision des choses" ou mon cadre de référence. Si je "siffle l'alerte", ce n'est pas pour occuper un espace ou pour travailler mes chevilles, c'est dans l'espoir que la base silencieuse de la communauté ait envie de dire "stop". Seul un mouvement du bas peut infléchir des positions. Aussi pertinentes puissent-elles être, elles ne seront cependant jamais prises en compte sans la force du nombre.

A chacun de voir à son niveau, selon ses idées ou convictions ce qu'il veut, peut faire, peut proposer (cf l'onglet "commentaires") .

Oh je sais ce qu'en pensent mes critiques ou "fans", mais j'ai encore cette conviction qu' "un optimiste perçoit une opportunité dans chaque difficulté, alors qu'un pessimiste voit de la difficulté dans chaque opportunité".

Des vérités, mais qu'est-ce qu'on en fait...

« Une action est juste, quand elle a pour but de préserver l'intégrité, la stabilité et la beauté de la communauté biotique*. Elle est répréhensible quand elle a un autre but. » Aldo Leopold

(*ensemble des êtres vivants qui compose un écosystème)

Tag(s) : #Vie des instances de la chasse, #Faune-Nature-Ecologie et Chasse, #Billet d'humeur
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